La saison des femmes

Film dramatique de Leena Yadav
Inde,Royaume-Unis et États-Unis-13 avril 2016-1h56
Langue hindi

Leena Yadav pose sa caméra dans un petit village du Gujarat, dans le nord est de l'Inde. Elle suit le quotidien de quatre femmes. C'est le troisième film de la réalisatrice. Après deux films plutôt estampillés "Bollywood", elle rejoint le cinéma indépendant.

La saison des femmes suit le quotidien de Rani, jeune veuve de 32 ans qui élève seule son fils Gulab et s'occupe de sa belle-mère mourante. Elle part négocier dans le village voisin le futur mariage de son fils avec la jeune adolescente Janali. L'une de ses meilleures amies l'accompagne Lajjo, femme battue par son mari qui lui reproche de ne pas arriver à tomber enceinte. Enfin nous suivons l'histoire de Bijli danseuse et prostituée qui s'est éloignée du village pour mieux y revenir mais se fait exploiter par son proxénète.

À travers ce film la réalisatrice à décider de mettre au premier plan la réalité du quotidien de femmes en Inde. Elles se battent tous les jours pour s'affranchir de leur condition de femmes dans une société patriarcale dominée par la misogynie et le machisme.

Les femmes doivent obéir au Panchayat, sorte de conseil de village,tenu uniquement par des hommes, sans sourciller. Pourtant un homme tente de se rallier à la cause féministe, Kishan. Il a épousé une "étrangère" du village, il encourage sa femme à travailler, à devenir indépendante, à s'émanciper. On pourrait croire que le jeune Gulab, fils de Rani avec sa jeunesse et sa fraicheur se rallie à la cause des femmes, il n'en est rien. Jeune et influençable, il traine avec d'autres jeunes hommes de son âge. Ils passent leur temps à se souler et à maltraiter les femmes.

L'espoir de cette émancipation féminine tient du fait de la forte solidarité qui existe entre elles. Elles sont là, les unes pour les autres, sans flancher. Comme dit l'adage, l'union fait la force et elles l'ont bien compris.

Rani, Lajjo et Bijli commencent à remettre en cause cet ordre moral qui interdit l'éducation et l'indépendance aux femmes. Elle vont commencer à se rebeller de manière discrète. Elles vont chacune à leur manière trouver leur planche de salut et pour certaines d'entre-elles grâce à des hommes. Pour Janali par exemple la rébellion commence quand elle a dû se couper les cheveux prétextant des poux. En Inde la chevelure est extrêmement importante. C'est une marque de féminité chez la femme. Il n'en est rien, elle a tenté de trouver une parade pour faire annuler le mariage. Malheureusement son acte aura pour conséquence la honte sur elle et la colère de son époux.
De son côté Bijli joue la carte de la bonne humeur, elle incarne la lueur d'espoir. La scène où les quatre femmes partent faire une virée dans le désert à bord d'une sorte de triporteur customisé de néons bariolés, illustrent totalement ce propos.

La fin du film est une sorte parabole avec la crémation symbolique du démon Rāvaṇa lors de la nuit de Dussehra commémorant la libération de Sītā par son époux Rāma.

Avant de réaliser ce film, Leena Yadav a passé quelques mois dans des villages indiens pour recueillir des témoignages de femmes sur leurs conditions.
Pour Leena Yadav, La Saison des femmes est très clairement destiné à défendre les droits des femmes et a été filmé comme une réaction aux différentes formes d'oppression dont elles sont victimes.

Même si le film aborde un sujet extrêmement délicat comme la condition de la femme en Inde, le film ne tombe pas dans le pathos. Leena Yadav a choisi délibérément de mettre en avant des femmes qui luttent , qui se révoltent à leurs manières. Le film est tour à tour de rôle dur, drôle et touchant.

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